Nos débuts à la voile sur Pasiana ... le Golif
Un jour de l'hiver 1982 je découvre, en arpentant les pontons de la plaisance au Port de Dunkerque, une affichette annonçant qu'un Golif de 1963 est à vendre avec sa remorque. Son prix parait raisonnable. Rendez-vous est pris pour une visite. La coque du bateau semble saine mais il est mal entretenu. Les voiles sont usagées, les garnitures des coussins du carrés sont à remplacer, tout est sale, le hors bord Mercury est à bout de souffle. Pourtant nous faisons affaire. D'abord parce que le Golif est un bateau mythique depuis que Jean LACOMBE a traversé l'Atlantique Nord lors d'une des premières Transatlantiques en solitaire. Ensuite avec ses couchettes et sa petite cabine il est possible d'envisager des navigations estivales à plusieurs. Enfin il n'est pas très cher.
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Le bateau s'appelle Pasiana et nous conservons son nom. Bien qu'immatriculé à Dunkerque il bénéficie d'une place au port de plaisance de Calais. Avant de naviguer nous le récurons, nous l’inspectons soigneusement sur le pont et à l'intérieur, l’améliorant surtout avec de l'huile de coude. Les coussins sont recouverts de tissus fleuri et deux couches de blanc viennent recouvrir la vielle peinture marron écaillée du carré. Le vieux Mercury est nettoyé, graissé, vidangé, la bougie remplacée. Espérons qu'il nous fasse encore un peu d’usage.
Le nouveau capitaine de ce voilier possède une petite expérience acquise en quinze jours il y a bien des années à l'A.N.A.S à Tréveneuc, lors de vacances bretonnes, et aussi lors de navigations d'été sur le voilier de l'ami « Dedeye ». Le reste de l'équipage est inexpérimenté.
Nos premières sorties devant Calais sont épiques. Malgré tout nous arrivons toujours à regagner notre place de port en dépit des erreurs et des maladresses de l'équipage et de son capitaine, des courants violents du Pas-de-Calais, des nombreux ferries et des over-crafts qui sillonnent la Manche en tous sens, des signaux rouges d'interdiction de rentrer au port, du vieux Mercury poussif.
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Au vu de ces expériences nous décidons, pour nos vacances d'été, de continuer à faire du camping tout en profitant de notre bateau. En juillet la remorque achemine Pasiana et le matériel de camping jusqu'au camping du Bois de la Chaise sur l'île de Noirmoutier. Notre Golif bénéficiant du mouillage voisin qui est bien abrité et calme à cette saison. Nous passons de bon moments à naviguer à l'abri de la houle du large. Les erreurs et cafouillages sont fréquents. C'est le cas un jour où, ayant scientifiquement calculé la veille comment mouiller Pasiana pour qu'il reste à flot à marée basse, nous découvrons notre voilier complètement à sec, couché sur le flanc et attendant sagement la marée montante pour se redresser. Une autre fois c'est la vieille annexe qui se déchire complètement, heureusement elle à la bonne idée de rendre l'âme alors que nous embarquons sur la plage dans le but de rejoindre notre bord. Enfin le dernier jour, ayant rendez-vous pour hisser Pasiana sur sa remorque avec la grue manuelle du canal de Noirmoutier-en-l'île, impossible de remonter le mouillage. L'ancre s'est engagée dans l'un des maillons d'une chaîne mère. Malgré nos efforts titanesques, malgré nos ruses, rien n'y fait. Nous sommes obligés de larguer tout le mouillage après l'avoir muni d'un flotteur de repérage, espérant pouvoir le récupérer par la suite.
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En juillet 1983, nous décidons d'abandonner le camping et de naviguer en ayant pour base le port de Gruissan. Après les « traditionnels » et nombreux ronds dans l'eau, nous décidons de descendre vers Port-Vendres. Le mauvais temps nous oblige à trouver refuge à Port-La-Nouvelle pendant trois jours, à proximité des silos à grains et des nuages de poussière dus aux gros navires qui chargent ou déchargent. Ensuite c'est l'émerveillement en découvrant Port-Vendres au pied des Pyrénées. Nous nous y baignons à l'abri de la grande digue dans une eau limpide et calme. Au retour l’escale dans le port rustique de Sainte-Marie laisse à l'équipage le souvenir d'une nuit blanche à cause des moustiques qui attaquent par vagues en piqués féroces. Après Port-Leucate Pasiana regagne Gruissan car les vacances se terminent. Nous pouvons dire, après ce petit périple, que Pasiana est un bateau marin ce qui n'est pas toujours le cas de son équipage.
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Au mois d'août 1984, notre remorque nous permet de changer de zone de navigation. Nous mettons Pasiana à l'eau dans le port de Sainte-Maxime. Après avoir profité de cette très belle et agréable petite ville, pour la première fois de notre vie, nous découvrons Saint-Tropez, Le Lavandou, l'île de Port-Cros, Bormes-les-Mimosas, Cavalaire et pour finir Port-Grimaud. Tous ces endroits sont magnifiques et le soleil fait oublier la petitesse de notre Golif.
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Après ces débuts nous avons la chance de recréer retrouver nos compagnons de camping : mon frère qui vient d'acheter un voilier et l'ami Dedeye. Maintenant ce sont trois familles et trois voiliers qui longent, chaque été, les côtes de France où d'Espagne. |
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