Nouvelles d'Onézif du 2 novembre 2002

DE FRANCE (Les Embiez) EN ESPAGNE
(des Baléares à Benalmadena)

 

Dimanche matin 13 octobre 2002
L'émotion est vive pour l'équipage lorsque nous quittons Les Embiez dans un concert de cornes de brume et des gestes d'adieu. Pourtant aujourd'hui nous n'allons qu'à Bandol à bord d'Onézif notre Melody. Pour un premier jour le vent est trop fort à notre goût mais nous avons décidé de larguer les amarres. C'est parti, la croisière des Antilles commence !

La veille nous avons particulièrement apprécié la présence de la famille, des amis et des voisins, venus nous souhaiter bon vent lors du pot d'adieu. Cela fait chaud au coeur.

Lundi 14 octobre
La météo est satisfaisante, elle annonce du vent de S/SW force 3 à 5. Nous décidons de quitter Bandol, capp sur Minorque. Nous avons du vent de face mais à cette saison il ne faut pas attendre trop. Le début se fait au moteur puis le vent arrive et nous hissons les voiles et commençons à tirer de longs bords au près (5 à 6 heures d'affilée). La mer est agitée. A 18h30 quatre dauphins viennent sauter devant l'étrave d'Onézif pendant plusieurs minutes.

Première nuit de navigation en haute mer.

Mardi 15 octobre
Le vent est toujours prévu S/SW et c'est vrai, hélas. Vers 11h le moulinet se dévide ZZzzzz... Zzzzz... Près de la moitié du fil est déroulé, le frein serré progressivement permet de stopper le déroulement. La tension est forte le poisson peut faire 10 à 15 kg, peut-être est-ce exagéré. Le temps de réduire la vitesse et de ranger le cockpit le fil casse. Vociférations du capitaine et déception générale. Le leurre Rapala (c'est une marque de poissons gigoteurs) est perdu. Il est remplacé immédiatement par un autre et la ligne est remise en action de pêche.

2ème nuit en mer.

Mercredi 16 octobre
Le vent est toujours de face. Le programme reste donc inchangé : bateau gîté et louvoyage. Les toiles antiroulis sont biens utiles. A 8h15 ZZzzzz... dit le moulinet, le capitaine serre le frein avec délicatesse puis récupère le fil pendant que l'équipage réduit la vitesse du voilier et range ce qui peut gêner l'action de pêche. Quelques instants plus tard un beau thon est au pied de la plate-forme arrière, et hop ! La gaffe permet de l'envoyer sans effort au fond du cockpit. Une rasade de whisky semble l'occire, un bon coup de manivelle sur la tête fait bonne mesure. Il s'agit d'un germon (Tunus alalunga) de 4,8 kg mesurant 70 cm - nous apprendrons par la suite notre erreur, il s'agit d'un thon obèse, voir le croquis dessiné sur le vif -. Le poisson est aussitôt vidé et mis au frigidaire car la gîte et les vagues dissuadent de cuisiner au four ce midi.

Germon (Thunnus alalunga)

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Thon obèse (Thunnus obesus) - croquis Onezif

Germon (Thunnus alalunga)

Notre thon, en réalité c'était un thon obèse (Thunnus obesus) 

Le soir le bateau "danse" durement par moment. Nous décidons de cuisiner des pâtes. La cocotte minute est mise en oeuvre, couvercle simplement posé. J'ai enfilé mon pantalon de ciré pour prévenir les risques de brûlure. Dans un sursaut plus violent du bateau la cocotte saute hors du serre casserole, roule vers les chaussures de Josie, heureusement les pieds de la propriétaire sont 40 cm au-dessus, sur les coussins du carré. Le couvercle laisse passer l'eau bouillante et les nouilles. Pendant le ménage nous découvrons plusieurs pennes rigate dans chacune des chaussures. Franche rigolade de l'équipage.
Après un peu de ménage le reste des pâtes est sommairement mis à finir de cuire dans le reste d'eau chaude puis égoutté. Las un autre coup de gîte d'Onézif renverse le reste de notre repas dans l'évier. Non, il n'est pas question de renoncer à notre festin, les précieuses pâtes sont récupérées et servies illico dans les assiettes avec un léger filet d'huile d'olive, elles sont très fermes mais nous calerons l'estomac pour la nuit. Une terrine de pâté de sanglier, du fromage et du pain plus un fruit terminent le festin.

Penne Rigate

3e nuit en mer.

Jeudi 17 octobre
6h nous entrons dans l'immense cala (on dirait un fjord) de Mahon la capitale de l'île de Minorque. Repos interrompu vers 11h par le "marinero" venu réclamer le paiement de la place sur le ponton flottant réservé aux visiteurs. Le soir courses d'alimentation dans le centre commercial installé dans l'ancien couvent des Carmes, achat de gin Xoriguer, puis sangria à la terrasse d'un café. Au repas tranches de thon grillé, excellentes ! Elles sont accompagnées de Bourgogne blanc 2000 de Picard à Aluze (S&L). !

Nuit au port.

Vendredi 18 octobre
La météo est clémente, nous quittons Mahon en milieu de matinée, destination Majorque. Il fait beau et chaud.

Au menu de midi thon au four avec des tomates et poivrons, pommes de terres. Le vin d'accompagnement est encore du Bourgogne blanc de Picard. Le soir salade variée au thon (c'est évident).

Navigation jusqu'à minuit. Onézif est ancré pour le reste de la nuit dans la cala de Porto Petro au SE de Majorque.

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Onnézif à Porto Petro (Majorque)

Samedi 19 octobre - Nous mettons le cap sur l'île de Formentera (île la plus au Sud des Baléares et proche d'Ibiza). A midi une pizza au thon et une autre au chorizo, le soir pâtes au thon avec de la sauce tomate.

Nuit en mer.

Dimanche 20 octobre - 9h30, arrivée à La Savina, le port de Formentera. Onézif mouille son ancre à proximité du chenal d'accès au port. Baignade volontaire pour le capitaine l'eau est à 21°C.

En fin de matinée Riquet, chargé de mettre le moteur Suzuki sur l'annexe, fait une maladresse et chute entre bateau et annexe, entraînant le moteur avec lui. Ce dernier gît par 5 mètres de profondeur, il semble nous narguer à travers l'eau limpide. Le tuba est sorti, le maladroit plonge et finit par attacher une haussière à l'embase du moteur. Vite hissé à bord, nous le lavons à grande eau (avec l'eau douce du bord), le séchons sommairement, pulvérisons du WD40 (dérouillant, huile, anti-humidité) sans lésiner et miracle, vers midi, nous le démarrons facilement. Depuis il marche encore et, sur le conseil d'Alain de Cassiopée, nous le faisons tourner chaque jour un peu .

Nuit au mouillage.

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Formentera

 

Lundi 21, mardi 22, mercredi 23

Du vent fort est annoncé et nous gagnons le port. Nous attendons que le vent se calme, d'autant plus qu'il encore face à notre route pour atteindre la côte espagnole.

Nous passons les trois nuits au port (tarif par jour : 15 Euros + 3 pour l'électricité + 0,01 par litre d'eau - En juillet et août nous aurions payé 78 Euros plus les charges pour notre Melody). Ce port est à éviter en haute saison.

Nous profitons de ces jours d'attente pour louer une 206 Peugeot bleue (30 Euros + 5 pour le forfait essence pour la journée) et visiter l'île et ses petites villes. Après visite de la capitale Sant Francesco Javier nous pique-niquons au bord de la mer, dans un coin sauvage de la côte Nord proche de la Cala En Baster. Après nous dégustons café / cappuccino au hameau As Calo où nous admirons, dans une minuscule calanque, les barques des pêcheurs tirées sous leurs abris typiques de bois. Puis nous visitons le site du Far de la Mola, là il est expliqué que le puffins mauritanicus sont une curiosités des Baléares car ils nidifient exclusivement sur ces îles, après il migrent dans divers lieux d'Europe. Une halte à El Pilar de sa Mola nous permet de découvrir quelques maisons traditionnelles et aussi une jolie petite église blanche, hélas fermée. Après nous traversons toute l'île pour admirer le Cap Barbarian, son phare et sa tour qui présente des points communs avec les tours génoises de Corse.

Peugeot 206

Le retour sur La Savina s'effectue par le chemin des écoliers. Nous longeons l'Estany (étang) Pudent en utilisant un chemin difficilement carrossable (d'ailleurs arrivé à l'autre extrémité du chemin une pancarte arbore des pictogrammes signifiants : marcheurs, cyclistes). Enfin nous arrivons à la station touristique de Pujols, un ensemble d'immeubles et de rues commerçantes le long d'une baie de toute beauté. Les restaurants affichent des menus en Allemand et en Espagnol, Français et Anglais débrouillez-vous.

La fin de notre escapade s'achève sur une route goudronnée qui contourne l'Estany Pudent par le Nord

Jeudi 24 octobre
La météo annonce du vent d'Ouest pour une route au SW, nous quittons Formentera pour Cartagena (Espagne).

Au moment de quitter la marina de La Savina l'hélice d'Onézif happe la pendille, il faut arrêter le moteur sans délai. Après avoir joué dans l'eau avec masque, tuba et couteau Opinel, pendant une heure nous partons enfin. Le début s'effectue au moteur, puis le vent de face arrive et nous louvoyons.

16h 50, une bonite, de 1,250 kg pour 42 cm, est pêchée. Je la vide et la range au frigo. Nous la mangerons demain.

Nuit en mer.

Vendredi 25 octobre - Dans la matinée le vent tombe et nous remettons le moteur et prenons un cap direct pour Cartagena. A midi tranches de bonite grillées à l'huile d'olive, pommes de terre en robe des champs, câpres, la boisson est du Rioja blanc "El Coto 2001".

Rioja blanc

L'après midi Josiane assure la veille et la marche du bateau. Nous doublons le cap Palos de jour. Notre arrivée au port de Cartagena s'effectue en début de nuit. Les lumières des balises et feux du chenal se confondent facilement avec les lumières de la ville. Un gardien nous indique avec sa lampe la place disponible à un ponton flottant. Il est 21h 05, nous allons marcher un peu et boire en pot avant de nous coucher.

Samedi 26 octobre - Quelques pas dans Cartagena nous montrent que cette ville mérite bien plus qu'une simple halte. Pourtant il faut partir car la météo nous est favorable, vent faible d'Est. Nous allons poursuivre notre navigation vers l'Ouest. Nous commençons au moteur en début d'après midi, le vent est absent.

Cartagena (Espagne) - photo Onezif Cartagena (Espagne) - photo Onezif

Cartagena

Vers 21h le vent arrive, faible mais suffisant pour appuyer sur les voiles et soulager le moteur. La nuit est douce, la lune présente, des dauphins jouent un moment à l'avant d'Onézif pendant le quart de Riquet. Les bateaux de pêcheurs aux trajets étranges obligent à redoubler d'attention et, par moment, à se dérouter légèrement.

Depuis le départ de Bandol nous adoptons de nuit le port des gilets gonflables avec harnais incorporés. C'est une bonne habitude et nous oublions vite la petite gêne occasionnée. Nous crochons aussi souvent la longe de sécurité. Comme il fait souvent frais de nuit nous portons souvent le ciré, une polaire, un bonnet enfoncé jusqu'aux deux oreilles. Nous sommes engoncés mais nous avons chaud et la sécurité est maximum avec le gilet. Vus dans la pénombre de la nuit nous avons fière allure.

Nuit en mer.

Dimanche 27 octobre
Nous accostons au port de plaisance d'Almeria en milieu de matinée. L'avant port nauséabond est peu engageant. La réception par le club nautique est bonne mais compliquée par l'absence de langue commune. Notre Espagnol est voisin de zéro, la réceptionniste ne pratique pas l'anglais et encore moins le français. Les formalités durent un long moment car il faut donner de nombreux renseignements sur la fiche d'arrivée, ensuite la préposée fait des photocopies de tous les documents : carnet d'Onézif, carte d'identité du capitaine, attestation d'assurance. Ces copies sont destinées à la police et au club. Les 4,50 Euros demandés nous permettent de passer une nuit avec eau et électricité. C'est vraiment peu cher.

(cliquer sur les 2 images de droite pour les agrandir)

Onézif à Almeria (Espagne)

Le club nautique

 

Onézif au poste de carburant

Almeria

La ville d'Almeria, tout au moins ce que nous en voyons, est grande, moderne, riche. Avant notre sangria de midi nous arpentons, comme les habitants de la cité, 'la rambla' somptueuse qui part du port de commerce et monte tout droit vers le centre ville. Les autochtones y déambulent endimanchés par petits groupes, s'arrêtant pur admirer les nombreuses fontaines et jets d'eau. Les plus âgés assis sur des bancs, abrités sous des arbres, profitent du spectacle. Plus loin une aire de jeu réservée aux petits est noire de monde. Enfants et parents s'agitent, se bousculent, crient, autour des balançoires, château de bois, toboggans. C'est bien agréable à voir.

Lundi 28 octobre
Le vent d'Est est au rendez-vous, force 5 à 6, c'est acceptable mais la mer prévue sera forte. Nous décidons d'attendre. Chacun en profite pour traîner et s'occuper de soi. Un premier essai d'Internet est fait dans un cybercafé, concluant, pourtant une pièce jointe à un mail n'arrive pas à Lille, rue de Vieux murs.

Mardi 29 octobre
Nous naviguons en direction de Malaga. La mer est clémente, le cuisinier en profite pour faire deux pizzas façon Marie-Hélène. La première est aux anchois, la seconde au jambon relevée d'un peu de moutarde forte, un Mercurey rouge 2001 de Philippe Menand accompagne le repas.

L'après midi Josiane monte le quart toute seule pendant que les hommes écrivent et lisent et "siestent". Le "frugale" repas du soir comporte une soupe (en sachet), une petite salade variée (sans thon), du fromage et du pain, des fruits, un café pour certains.

Nuit en mer.

Mercredi 30 octobre
3 heures 30, Le ciel est clair, la lune descendante est à son dernier quartier. Nous marchons au moteur à environ 1,5 miles des côtes, les lumières des agglomérations se suivent de façon quasi ininterrompues. Vers l'avant un phare clignote, il clignote une fois puis deux, la fréquence est d'environ 10 secondes. Le Bloc Marine de la Méditerranée de 1998 précise, page 214 : F (1+2) é 10 s c'est le phare de Torre del Mar. Sa tour est blanche haute de 26 mètres, la portée théorique 13 miles, sa position 36° 44,9' N - 4° 05,7' W.

Peu avant 5 heures le vent monte, les voiles sont dépliées, Onézif marche à plus de 6 noeuds. Le plaisir ne dure qu'une petite heure. Le moteur, bruyant, reprend le relais. A un moment, malgré une veille attentive, un bateau de pêche remorquant un lamparo (projecteurs éteints) passe, sans avoir été vu avant, à 150 mètres sur tribord. Avait-il ses feux, rouge et vert, allumés ?

Peu après le lever du soleil, nous arrivons au grand port de Malaga. On nous refoule une première fois du port de Real Club Mediterraneo de Malaga, une seconde fois d'un quai du port de commerce où nous avions amarré Onézif entre un paquebot et un trois mats. On nous incite peu aimablement à déguerpir et chercher fortune ailleurs, pourquoi pas à Benalmadena. Ou alors d'aller tenter notre chance bassin des pêcheurs (un cloaque probablement, d'après les odeurs qui semblent en provenir).

Real Club Mediterraneo de Malaga (peu accueillant)

 

Benalmadena étant à 9 miles plus au Sud, Onézif y est rapidement. Il faut insister pour avoir une place. Nous signons un contrat de location en deux exemplaires, comportant les clauses : PRIMERA - Es objecto de este contrato la utilizacion de las instalaciones (del Puerto Deportivo de Benalmadena) ... DECIMO TERCERA - Para cualquier cuestion que surja de cumplimiento ... plus signatures et tampons. La prochaine fois nous appliquerons aussi le tampon d'Onézif sur les documents, pour faire encore plus officiel. Beaucoup de temps pour une journée que nous payons 14 Euros. Il serait bon que ces procédures se simplifient au minimum, comme en France où en Italie, ce qui permettrait aux ports de plaisance d'accueillir facilement les bateaux de passage au lieu de les refouler. Tout le monde y trouverait son compte.

Le port et la marina de Benalmadena sont entourés de bâtiments à l'architecture surprenante. Ce ne sont que colonnades, clochetons, coupoles, cheminées tarabiscotées, balcons de toutes formes, carrelages, escaliers "fleurs". C'est très "kitch". Un membre de l'équipage prétend que l'architecte a fait ses classes chez Walt Disney, puis un long séjour au Moyen Orient. Pour ce qui est de la réalisation il suppute que les maçons étaient des débutants maladroits. Nous y passons malgré tout une bonne journée et une nuit reposante.

(cliquer sur la photo de droite pour l'agrandir)

Benalmadena (Espagne) - photo Onezif

Benalmadena

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