Nouvelles d'Onézif du 15 décembre 2002

DU MAROC (El Jadida à Agadir) 
AUX CANARIES (Lanzarote)

 

Mercredi 13 novembre
(Onézif notre Melody a quitté Mohammedia la veille vers 21h pour aller à El Jadida)
Vers 2h30 le vent permet de se passer du moteur. Quel plaisir d’entendre le bruit de l’eau fendue par l’étrave de notre voilier. La lune éclaire la mer de sa lumière blafarde, c’est bien agréable de pouvoir admirer son environnement. Un moment mon attention est attirée par des sillages phosphorescents qui ne doivent rien à Onézif. Mon harnais accroché à la ligne de vie je vais à l’avant du bateau où cinq dauphins s’amusent pendant cinq bonnes minutes. C’est un petit plaisir qui vient rompre la monotonie de quart de nuit.

Le jour est levé depuis une heure, des oiseaux nous survolent, plusieurs semblent regarder à gauche de notre sillage. Ensuite une bande de dauphins approche et se met à entourer Onézif. Ils sont plusieurs dizaines, des gros des moyens des petits, Peut-être plus d’une centaine. Ils nagent par groupes alignés qui s'entrecroisent sans arrêt. Nous pensons qu’ils ont encerclé un banc de poisson et qu’ils appliquent une tactique pour festoyer. Cela dure plus de vingt minutes. Epoustouflant ! A un moment une escouade de dauphins bien alignés arrive par l’avant, en face du gros des autres dauphins qui s’entrecroisent. Lors de la jonction des deux groupes nous constatons des gros remous, une agitation intense. Les poissons doivent passer un mauvais moment. Nous nous amusons des sauts des petits dauphins qui, trop dodus pour s’arquer comme leurs aînés, sautent hors de l’eau tout raides. On dirait presque des petits thons. Puis nos routes se séparent alors que le festin semble continuer.

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Dauphins autour d'Onézif

Dauphins autour d'Onézif

Dauphins autour d'Onézif

12h30 - Nous approchons d’El Jadida, le vent est puissant nous roulons le génois et prenons le deuxième ris sur la grand voile. Le moteur tourne. Nous apercevons la ville dans un halo de brouillard. Le fond remonte progressivement et la houle, déjà impressionnante, enfle sensiblement. A droite les lames déferlent sur les hauts fonds d’El Jadida. Nous obliquons vers la gauche. En face des déferlantes nous inquiètent. La visibilité est mauvaise, nous ne voyons pas l’entrée du port. La houle s’amplifie avec la remontée des fonds qui se poursuit inexorablement (elle fait 5, peut-être 6 mètres). Nous décidons de faire demi-tour et de chercher un port plus accessible avec cette mer forte. Ce sera Jorf Lasfar.

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El Jadida

19h15 – Il fait nuit. Onézif, sous voile, entre sans difficulté dans le port industriel de Jorf Lasfar (charbon, phosphates, soufre liquide et solide, acide chlorhydrique, etc.). Les voiles sont sommairement  rabantées à l'abri des digues. Après les formalités au pied d’un quai devant la capitainerie nous gagnons un mouillage près du bassin des pêcheurs, il est 22h10.

Vendredi 15 et samedi 16 novembre
Le port de Jorf Lasfar est isolé loin de toute agglomération. Comme nous avons un peu envie de paresser nous ne demandons pas de laisser passer pour quitter le port et aller à un village voisin ou à El Jadida, distante de quelques dizaines de kilomètres. Notre distraction consiste à lire, écrire, marcher jusqu’à une ̵shop’ où nous achetons du vin de Guerrouanne Domaine Sahari que nous trouvons bon.

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Onezif - Jorf Lasfar (Maroc) la capitainerie du port - photo Onezif

Le port de Jorf Lasfar (Maroc) la capitainerie du port - photo Onezif

Jorf Lasfar (Maroc) un jour de mauvais temps

Dimanche 17 novembre
(indicatif 3AC) annonce que l’accalmie sera de courte durée. Après concertation parfois animée nous décidons de partir pour Safi malgré une houle qui devrait être voisine de 4 mètres. En sortant du port nous avons la bonne surprise de trouver une mer moins forte que prévue, seulement 2 à 3 mètres.

Lundi 18 novembre (C’est la fête de l’Indépendance du Maroc)
6h40 – Onézif franchit la passe d’entrée du port (industriel et pêche) de Safi. Après les visites des autorités nous nous mettons à couple du Sun Legend 41 ‘Point à la ligne’, pavillon français. Mohammed le gardien du bateau de sauvetage nous aide pour l’amarrage pendant qu’un petit bateau portugais en aluminium, "Jura", tourne dans le bassin. Il vient de nous laisser sa place et va revenir ensuite à couple de notre voilier.

En fin de matinée pendant que notre équipière prend soin de l’intérieur d’Onézif nous partons à la recherche de bidons de 20 litres pour stocker de l’eau.

"Il est bidon ce bidon !"

A notre première boutique, près de la Médina, un individu nous ‘prend en main’. Il essaie de nous faire acheter des bidons pour le carburant, devant notre refus il appelle un quidam et affirme que cet homme va nous conduire dans un entrepôt où nous trouverons ce que nous cherchons. Le guide est sympathique et parle parfaitement le français.
Nous marchons d’un pas rapide un long moment en longeant le bord de mer, ensuite nous bifurquons à angle droit sur la gauche. Deux cents mètres plus loin il nous montre une boutique où, oh ! surprise notre premier interlocuteur nous attend. L'histoire du Petit chaperon rouge et du Grand méchant loup est toujours d’actualité. Il y a bien deux bidons comme ceux que nous cherchons, hélas le joint du bouchon est absent. Le ‘loup’ prétend qu’il n’y a pas besoin de joint pour l’étanchéité. Devant notre refus d’achat il nous emmène au pas de course dans une ruelle tortueuse, s’arrête devant une porte minuscule, pénètre dans un local sombre et en ressort quelques secondes plus tard. Il montre triomphant le bidon avec quelques litres d’eau au fond, sur de lui. Je prends le récipient le retourne et l’eau coule à flot, et là le loup reste pantois, la mâchoire grande ouverte la langue pendante (voir dessin animé de Tex Avery). Un témoin recommande de serrer plus fort le bouchon, cela ne change que le débit de la fuite. Fin de l’épisode. Tout le monde repart les mains vides.

Mardi 19 novembre
Pour sortir du port de Safi nous devons longer le quai des pêcheurs, d’ailleurs Onézif est attaché juste à l’entrée de leur grand bassin. Une multitude de bateaux verts rapportent chaque jour des monceaux de sardines, et il paraît que ce n’est pas la bonne saison. Josie achète une panière de 4 kg de sardines fraîches pour 10 DH (1 Euro). A midi nous nous régalons avec ces beaux petits poissons grillés à la poêle. Le Guerrouane blanc ‘Les trois domaines’ qui les accompagne est bien décevant.

L’après midi il pleut à verse, nous en profitons pour faire une sieste réparatrice.

Aujourd’hui nous sommes sept bateaux à couple en comptant la vedette de sauvetage gardiennée par Mohammed qui occupe la place contre le quai. Espérons que personne n’aura besoin d’assistance cette nuit.

Mercredi 20 novembre
Safi est réputée pour ses poteries, en particuliers les bleues. En fin d’après-midi nous allons visiter le quartier des potiers. Nous achetons une belle assiette chez Amhad Serghini puis nous nous promenons au milieu des minuscules ateliers jumelés chacun avec un petit four circulaire. Les artisans ferment les uns après les autres mais un jeune potier nous fait le plaisir de nous monter son lieu de travail, son tour et l’intérieur du four.

Jeudi 21 novembre
Toujours à Safi, courses dans la Médina.

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Onezif - Safi (Maroc) bateaux de pêche

Safi (Maroc)

Vendredi 22 novembre
Au réveil il pleut, le ciel est gris, gris. La météo est acceptable, une inquiétude cependant la houle serait de 4 à 6 mètres. Un coup de vent est annoncé pour dimanche. Nous partons à 16 heures car nous voulons arriver à Essaouira au petit matin.

La houle fait 4 mètres et Onézif, au moteur, l’escalade bravement, direction le Cap Hadid situé à 40 miles.

Samedi 23 novembre
3h30 – Onézif passe le Cap Hadid et infléchit sa route en direction d’Essaouira.

En vue de la passe d’entrée qui mène au port, il faut prendre un alignement sur le phare de Sidi Mogdoul afin de passer entres les brisants et déferlantes de la jetée Ouest et ceux de l’île Mogador. A bord du bateau tout le monde est attentif et tendu. Peu avant de franchir la passe le phare s’éteint, heureusement que nous avons bien repéré la petite tour blanche du phare. La houle nous pousse par derrière. A part l’émotion l’entrée est parfaitement réussie. Nous amarrons Onézif à un petit ponton flottant juste dans l’entrée du bassin, sous les fenêtres du restaurant ‘Sam’. Nous en profitons pour réserver une table pour le soir, mais la sévère turista de l’un de nous vient changer ce projet.

La vieille ville d’Essaouira enceinte dans ses murs du 18e siècle est magnifique. Peut-être un peu trop propre pour satisfaire au standard du tourisme européen. Mais il ne faut pas bouder son plaisir.

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Plan d'entrée au port d' Essaouira (Maroc) - croquis Onezif)

Essaouira (Maroc) le port -photo Onezif

Onezif à Essaouira (Maroc) pêcheurs et filets - photo Guy BEYS

Entrée d'Onézif à Essaouira

Essaouira (Maroc)

Dimanche 24 novembre
Visite d’Essaouira et le soir Cybercafé rue du Caire. En sortant de cet établissement une bourrasque violente nous bouscule au détour d’une ruelle. Nous pressons le pas dans le vent et la pluie, car bien qu’Onézif soit parfaitement amarré nous désirons nous assurer que tout va bien à bord.

Il est environ 23 heures, Onézif est face au vent que nous mesurons entre 35 et 45 nœuds. Des vagues agitent fortement l’entrée du port mais tout semble sous contrôle. Par mesure de précaution nous ajoutons quelques haussières. Ensuite nous veillons un long moment dans le cockpit, bien à l’abri de la capote, heureux d’être au port. La nuit, personne ne dort véritablement à bord .

Lundi 25 novembre
Sur le matin le vent se calme et vire brusquement du SW au N. La tempête est terminée, nous pouvons dormir en paix. Le relevé barométrique de la station météorologique d’Essaouira, obtenu grâce à l’amabilité de ses servants, indique pour dimanche 11h : 1014,5 hpa ; 17h : 1009,5 hpa ; 23h : 1004 hpa et pour lundi : 6h : 1009 hpa ; 11h : 1015 hpa. Le baromètre d’Onézif donne une courbe parallèle avec un décalage de 3 hpa, nous en profitons pour étalonner notre instrument.

La journée est belle et ensoleillée.

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Chute du baromètre d'Onézif à Essaouira (Maroc) - croquis Onezif

Chute du baromètre à Essaouira

Mardi 26 novembre
En début d’après midi Onézif fait route sur Agadir notre dernière escale prévue sur le sol Marocain.

Mercredi 26, jeudi 27, vendredi 29, samedi 30 novembre
Onézif est attaché au ponton du Club Royal d’Agadir (80 DH par jour, pas d’électricité, il faut aller chercher l’eau au club avec des bidons).

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Onezif - Marina d'Agadir (Maroc) en 2002

La Marina d'Agadir

Nous visitons la ville de long en large et nous nous offrons quelques bons restaurants locaux. Un soir nous dînons aux ’Arcades’ dans le quartier de Talborjt. Pour nous faire patienter on nous offre quelques coupes avec des olives, du beurre, des sauces épicées où nous trempons de petits morceaux de pain. Un jus d’orange accompagne l’eau minérale pour le repas qui se compose d’une soupe Harira (spécialité marocaine), puis tajines (poulet pour l’un, bœuf et pruneaux pour l’autre, agneau pour le dernier). Comme dessert nous choisissons une orange sucrée. On sert gratuitement le thé à la menthe. Le prix 148 DH au total (15 Euros pour trois personnes).

Tajine

Un autre jour nous choisissons d’aller au restaurant ‘Mille et une nuits, dans le même quartier, car on nous en a vanté le couscous. Cette fois le repas complet nous coûte 130 DH.

Faire les courses au souk est un grand moment de notre séjour à Agadir. Partout une profusion de produits tente le chaland. Là ce sont des montagnes de légumes, ici des fruits, à côté une pyramide gigantesque d’oignons rouges, des dattes toutes brillantes et succulentes. Un peu plus loin c’est le domaine des meubles en bois de toutes natures et souvent très ouvragés, des pousse-pousse les transportent dans toutes les directions. Viennent les marchands de tissus, les poteries, puis les théières et coupes en métal argenté, les objets plastiques, la ferraille, les marchands de remèdes et autres talismans. Près d’une porte des femmes vendent des galettes très molles que l’on mange arrosées de beurre fondu et trempées dans du thé ou du café. Nous en achetons trois pour essayer, elles ont peu de goût.

Dimanche 1er décembre
La météo nous promet un vent de force 3 à 5, une mer agitée. Après un petit plongeon dans les eaux du port pour enlever un sac plastic entortillé dans l’hélice nous quittons Agadir à 14h15

Jusqu’au coucher du soleil le vent est faible et nous progressons avec la ‘brise Yanmar’. Ensuite le vent se manifeste de plus en plus fort. Nous prenons un ris dans la grand voile, puis nous arisons une deuxième fois et enfin une troisième. Le foc n°2 remplace le génois. Onézif fonce souvent à plus de 7 nœuds, nous ferons comme record 11,7 nœuds mesurés au loch. La barre demande des efforts constants d’autant plus que la houle qui nous prend par l’arrière tribord provoque des embardées. La grand voile est affalée et Onézif avance encore à plus de 6 nœuds avec son petit foc de 21 mètres carrés (à comparer aux 75 pour la voilure au près).

Une nuit pénible s’annonce. Notre équipière qui a barré un long moment se sent fatiguée et la nausée la prend ensuite. Nous fermons le capot et la porte du rouf et décidons de nous relayer fréquemment. Le repas est sommaire : pain et Vache qui rit (la charcuterie nous manque pour la première fois), pommes, dattes, biscuits, eau.

 

Lundi 2 décembre
Toute la nuit le vent est très fort, la mer enfle. A 3h du matin le pilote Autohelm ST 4000+ s’arrête, pourtant il était protégé depuis le départ par une gouttière plastique qui laissait passer largement l’air, évitait l’eau et les chocs. En 4 ans d’utilisation c’est la deuxième fois qu’il tombe en panne. La fiabilité n’est pas au rendez-vous sur ce modèle. Nous le remplaçons par notre vieux Navico TP5500.

 

Autohelm ST 4000+ 

 

Navico TP 5500

Au lever du jour la houle dépasse très souvent 4 mètres. Par moment des vagues croisées déferlent dans le cockpit. Un torrent d’eau bouillonnante recouvre l’équipier de quart qui plie l’échine. Elle s’engouffre dans le petit équipet sous le vent, s’écrase sur la porte du rouf puis continue son chemin de l’autre côté d’Onézif. Le cockpit se vide. Le marin relève la tête heureux de la protection efficace de son ciré, de ses bottes et de la sécurité apportée par son gilet gonflable avec harnais incorporé.

Au matin le vent baisse un peu, il atteint cependant 30 nœuds. Onézif avance toujours à plus de 6 nœuds.

Mardi 3 décembre
Dans la nuit (du 2 au 3) nous arrivons à Arrecife (île de Lanzarote – Archipel des Canaries). Nous mouillons à 4h05 à l’abri des quais du port commercial car l’entrée du port de Naos est trop délicate pour s’y risquer de nuit.

Bilan de cette navigation : une équipière durement malade, vitesse moyenne 5,9 nœuds mais 6,6 nœuds au GPS pendant plus de 24 heures, perte des deux bouées fer à cheval et du feu de retournement et deux 2 dossiers de filières, 1 mousqueton cassé sur le foc n° 2.

En milieu de matinée nous allons au ponton plaisance du Puerto de Naos (7,28 Euros/jour, eau qu’il faut économiser, électricité).

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Arrecife

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