La lettre d'Onézif, croisière aux Antilles

(Lettre n° 2 - 1er Juin 2002)

La lettre numéro 1 faisait arriver Onézif à la Barbade, dans le sud-est des Petites Antilles. Avant de parler des navigations et des rencontres qui surviendront dans ces îles, examinons la carte du voyage projeté par les 3 marins.

Itinéraire prévu pour Onézif.

Onézif - Itinéraire en Atlantique Nord - Les Embiez (France) - Baléares - Gibraltar - Maroc - Canaries Antilles - Bermudes - Açores - Portugal - Espagne

Le retour s'effectuera en allant chercher, vers les Bermudes, les vents d'ouest. Ceux-ci pousseront le bateau vers l'archipel des Açores, puis en direction du Portugal et de Gibraltar.

Voila décrit, dans ses grandes lignes, le périple d'Onézif et de son équipage. Il exploite les vents dominants et les courants permanents de l'Atlantique Nord. Cette route, autrefois empruntée par les grands voiliers qui commerçaient avec les Antilles, est devenue le chemin traditionnel des plaisanciers de notre époque.

Dans le détail, la route se tracera au jour le jour, influencée en priorités par la force des vents et l'état de la mer. Elle satisfera également les désirs des marins du bord, leurs envies de paresser et de se distraire.

Le carré d'Onézif, en regardant vers l'avant

Onezif - carré de notre Melody

Maintenant il est temps de vous familiariser avec l'intérieur de notre Melody. En venant du cockpit on descend directement dans le carré. Celui-ci comporte deux banquettes confortables, de part et d'autre de la grande table. Elle permet, avec ses deux abattants ouverts, de manger à huit, en se serrant un peu. Des sets antidérapants gardent sur la table les assiettes et les plats. Le seul problème provient de leur contenu qui peut sortir tout seul si le bateau bouge beaucoup à la gîte. Des trous, percés au milieu de la table, maintiennent les verres qu'il ne faut pas trop remplir. En dehors des repas le battant gauche, une fois replié, laisse le passage vers la coursive avant qui dessert, à droite le cabinet de toilette, à gauche la penderie commune, en face la cabine avant.

De part et d'autre de l'échelle de descente, se trouvent la table à carte et la cuisine. Près de la table à carte une porte donne dans la cabine arrière. Onézif est bien conçu pour naviguer à quatre en croisière.

Onezif - cuisine de notre Melody Le coeur de la cuisine est la gazinière avec ses deux feux et son four. Elle est montée sur cardan pour tenter de gigoter en cadence avec le roulis. Des arceaux maintiennent les casseroles si nécessaire. Le four est assez grand pour y cuisiner un thon de trois kilos (amputé de la tête et de la queue). Il sert aussi pour la cuisson du pain. A sa droite, un évier double est bien utile pourtant, lorsque le bateau penche, il vaut mieux éviter de l'utiliser. L'eau de mer et l'eau douce y sont fournies par deux becs verseurs qu'alimentent deux pompes à pied. A gauche le frigo, il s'ouvre par le dessus pour éviter de se vider tout seul, à proximité la boite à pain et la poubelle. Tout autour des équipets (les placards des terriens) renferment la vaisselle, les casseroles, quelques provisions. Sous le plancher du carré la cave à vin est à bonne température et aussi à l'abri des regards.

La table à carte est simple mais suffisamment équipée. La position du bateau est donnée par le GPS. Cet appareil électronique, grâce à des satellites, procure la position d'Onézif à quelques mètres près. Avec lui, s'il n'est pas en panne, plus besoin de sextant ou de radio-gonio. Par sécurité il y en aura deux pour la traversée. 

Le loch est un compteur de milles marins (1852 mètres), un autre cadran donne la vitesse en noeuds (1 noeud = 1 mille par heure). En croisière on peut compter que le bateau fait ses 5 noeuds, si le vent est suffisant. Un sondeur indique la profondeur d'eau à proximité des côtes. Cet instrument est indispensable pour choisir avec discernement sa zone de mouillage ; en sécurité il existe une sonde à main. 

Une radio permet de prendre les bulletins météo diffusés par RFI. Pour communiquer à courte distance l'émetteur-récepteur VHF est bien utile. Il est indispensable pour lancer un mayday (S.O.S.) en cas de danger imminent et grave. Pendant les longues traversées le contact n'est pas possible avec la terre ; il est souhaitable que les terriens, parents et amis, se détendent et aient confiance dans le bateau et son équipage.

Les deux cabines, celle de l'avant et celle de l'arrière, sont simples. Dans chacune d'elle deux personnes peuvent y dormir. Quelques équipets retiennent les affaires de toilette, le petit linge, quelques livres. Sous les couchettes de grands coffres renferment des provisions, les sacs marins des occupants, du matériel. Une petite penderie, propre à chaque cabine, complète les possibilités de rangement qui sont suffisantes. La penderie de coursive est commune, elle sert en particulier aux cirés, nous y logeons aussi la pharmacie pour les "bobos".

Le cabinet de toilette d'Onézif est exigu, cela ne l'empêche pas d'avoir un lavabo, un W-C à eau de mer sous pression (pompe à main), une douche qui est condamnée car elle apporte trop d'humidité à l'intérieur du bateau. La mer est proche, un bain où une douche se prennent facilement. Et puis, pas d'excuse, presque tous les savons liquides et shampooings opèrent à l'eau de mer.

Après avoir exploré l'intérieur du bateau, il est souhaitable de se familiariser avec ce qui fait marcher Onézif : les voiles. Afin d'éviter de recopier le Nouveau cours de navigation des Glénans, qui comporte 1357 pages et de nombreuses illustrations, voici quelques croquis. Ils aident à imaginer les manoeuvres que l'équipage exécute lorsque le vent et la mer changent. La prudence commande d'effectuer les réductions de voilure en anticipants sur les évolutions. Nous ferons les manoeuvres toujours à deux pour des raisons de sécurité.

Onezif - au moteur (croquis) Onezif - sous grand voile et génois (croquis) Onezif - sous spi (croquis)
1 - Onézif sans aucune voile. Il est soit au mouillage soit en marche au moteur. Ici le sillage indique qu'il avance, poussé par son moteur. 2 - Onézif sous grand voile et génois. Le vent est bien établi, sa force est modérée. 3 - Onézif sous spi (spinnaker, grande voile ballon de 100 m2). Le bateau profite du vent modéré, venant de l'arrière ou des côtés, pour allonger sa foulée.
Onezif - grand voile au 2e ris et foc n° 2 (croquis) Onezif - avec le tourmentin (croquis) Onezif - à sec de toile (croquis)
4 - Le vent est monté. Onézif a réduit sa voilure une première fois, puis une seconde fois ; le foc de route a remplacé le génois. 5 - Onézif porte seulement son tourmentin (petit foc très résistant). Le vent est monté, il est maintenant très fort. 6 - Onézif est à sec de toile. C'est la tempête ! Le voilier dérive en attendant l'embellie ; bateau et équipage font le dos rond.

A bientôt.

Onézif

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